14. ALLO CHRISTINE

« Il y a des passerelles dans tous les sens entre les genres musicaux »

En 2017, le titre ROUGE du duo SEIN marque une génération de parisiens et place Balth et Joseph parmi les artistes les plus prometteurs de la scène électro/rap de la capitale. De nombreux projets plus tard, des premières parties de Columbine et Thérapie Taxi à leur premier album (et unique à ce jour), le groupe fait une pause semi-officielle pour laisser aux deux musiciens l’espace aux projets personnels. Début 2023, Balthazar annonce la naissance d’un nouveau groupe, ALLO CHRISTINE, accompagné de la sortie d’un premier titre, La Sueur. On reconnaît la patte irrévérencieuse de SEIN, et les même influences électro plus organiques teintées de rock new wave. On attend impatiemment de voir ce que nous réserve le groupe ; en attendant, ils racontent à quoi va ressembler Allo Christine.

On a connu Balth avec SEIN ces dernières années. Comment est né Allo Christine ?

Balth : Ça faisait un bout de temps que j’avais envie de monter un nouveau projet plutôt perso. Ça s’est petit à petit transformé en une envie de rejouer en groupe. Dès que j’ai eu un peu de temps pour moi, j’ai centralisé mes inspirations et mes envies, et j’ai composé des nouveaux titres. Dès que ça a ressemblé à quelque chose, je suis allé chercher Arthur, avec qui on avait eu un groupe il y a une petite dizaine d’années. Je lui ai fait écouter mes nouveaux trucs, il m’a dit « J’suis méga chaud, let’s go ! ».

Nino : J’ai rencontré Balt juste après que Arthur l’ait rejoint. Je venais d’arriver à Paris et une pote me parle de quelqu’un qui cherche un guitariste punk, je me suis dit lets go je le contacte et on a pris un verre et gros coup de coeur amical.

Tarik : J’ai rejoint le projet un peu après les premières répètes entre Balt, Arthur et Nino. On se connaît depuis environ 10 ans avec Balthazar et on s’est toujours suivis et envoyés des messages cools à chaque sortie de projets ou nouveaux morceaux. Quand il m’a dit qu’il lançait un nouveau groupe, on s’est vus, il m’a fait écouter des premières démos et ça a cliqué tout de suite. Au bout de 10 ans, ça semblait tomber sous le sens de faire enfin de la musique ensemble.   

Thelma : Moi j’ai rencontré Nino peu de temps avant de rejoindre le projet, sur une appli de rencontre de musiciens haha. A l’époque, on échangeait pas mal sur nos projets musicaux perso et il m’avait parlé de ce groupe dans lequel il jouait de la guitare. Je me rappelle avoir écouté les toutes premières maquettes d’Allo Christine et avoir trouvé ça trop cool. A l’époque ils n’étaient que quatre et à la recherche de quelqu’un à la basse. Ils avaient un peu de mal à trouver et un jour Nino m’a proposée de bosser quelques morceaux pour voir ce que ça pouvait donner (j’étais franchement pas sûre du truc sachant que j’étais pas du tout bassiste à la base). Ni une ni deux, j’achète une basse et je commence à taffer les premières lignes de basse de La Sueur. Courant octobre, on se rencontre avec le groupe, on fait notre toute première répète dans notre studio actuel à Pantin, et je crois que c’est un peu là que ça a commencé pour moi. Après les choses se sont faites progressivement, on a appris à se connaître et à faire de la musique tous.tes ensemble !

Balth : Je suis trop content, on est toutes et tous des musicien.nes avec des approches du son plutôt affirmées et personnelles à travers nos différents projets perso, et ensemble on crée un tout trop chouette et une super inertie de groupe. J’ai l’impression d’avoir réuni les Avengers. Haha

Comment s’est faite l’évolution de rap/électro à un son plus rock/new wave ? 

Balth : À vrai dire il n’y a pas vraiment eu d’évolution vers le rock.. Quand je commence la musique vers huit ans, je grandis dans un univers entre jazz et rock, par mes parents et ma tante. Petit, je rêve d’avoir des groupes comme Blur, Nirvana ou Kiss. En revanche, je pense qu’il faut toujours être curieux, il y a des passerelles dans tous les sens entre les genres et styles musicaux. L’amour de la musique c’est universel. Ainsi, ça m’est arrivé d’expérimenter des styles assez loin de mes standards, et je continuerai de le faire ! En tout cas, ça me régale de revenir à mes premières amours et jouer du bon gros rock avec les ami.e.s.

Une présentation des membres ? 

Balth : Je suis Balthazar, le chanteur d’Allo Christine. Vous me verrez jouer du tambourin parfois, pour faire comme les stars.

Arthur : Moi c’est Arthur, celui au fond qui fait beaucoup de bruit avec ses tams-tams.

Thelma : Moi c’est Thelma, je suis donc à la basse et je fais parfois des chœurs (quand j’y pense).

Tarik : Moi c’est Tarik, je fais de la guitare et des chœurs.

Nino : Moi c’est Nino je fais du bruit avec des effets, la tête dans l’ampli.

Vous avez des influences musicales communes ? 

Balth : Ma référence ultime, c’est Indochine. C’est sans aucun doute ce que j’ai le plus écouté depuis que j’écoute de la musique. Je sais que ça me suit et me guide souvent dans mon travail. Mais je crois que je suis le seul dans ce groupe. Après, en découvrant il y a quelques années toute la scène post-punk 2.0 Irlandaise et Brit, entre Fontaines DC, Murder Capital ou Idles, influences qu’on partage pas mal avec Arthur et Nino, j’ai monté ce projet avec l’envie d’aller chercher cette énergie brute et punk, mais version frenchy quoi. J’imagine que ça s’entendra dans le son mais aussi dans les histoires qu’on raconte.

Arthur : Je me souviens de Balthazar et moi devant Murder Capital à Rock en Seine en 2019. On s’était dit qu’on avait toujours rêvé d’avoir un groupe comme ça. On avait vu les Cure la veille aussi d’ailleurs, meilleur concert !

Nino : Perso, j’ai grandi avec Nirvana et les Beatles. En grandissant j’ai découvert des trucs plus deeps genre Sonic Youth, Thee Oh Sees. Mais ce qui m’a vraiment mis une claque c’est le live au Glastonbury des IDLES. 

Thelma : De mon côté, j’ai beaucoup moins ces références rock anglophone. J’ai des influences musicales très hétéroclites et ce serait assez difficile de les résumer en un seul et même genre. J’ai grandi en écoutant pas mal de chanson française. Des artistes comme Polnareff, Barbara, Thiéfaine, des groupes plus récents comme Feu! Chatterton, Mansfield Tya… Et aussi quand même pas mal de références anglophones, Patti Smith, Janis Joplin, Supertramp, ou une artiste plus contemporaine que j’adore, Michelle Gurevich.

Tarik :  Je pense être à la croisée de tout ça. On parle autant du dernier concert de Phoenix avec Arthur, qu’on se lance dans une reprise de Blur avec Balthazar. Des échanges sur la nouvelle chanson française avec Thelma et Nino. Parmi tant d’autres exemples. 

Comment s’est faite l’écriture et la compo de La Sueur ?

Balth : La Sueur, c’est un des premiers titres que j’ai composés pour le projet, c’est vraiment un point de départ pour nous. Autant dans le style musical et l’intention que dans la thématique, ça représente bien Allo Christine. Ça raconte un peu la découverte d’une sexualité, un mélange de souvenirs et d’imaginaire… sur une musique bien post-punk à la base qu’on a au fur et à mesure rendue plus pop-rock, en la jouant ensemble. On était tou.te.s d’accord pour que ce soit le premier titre à sortir. Maintenant on a hâte de faire découvrir le reste de l’univers du groupe !

Le clip est sorti y’a deux semaines et est super efficace. Comment il a été conçu ?

Arthur : L’idée est venue assez simplement: on trouvait qu’il y avait un côté ritournelle dans la structure du morceau, avec ses trois couplets qui reviennent de manière systématique. On s’est dit que ça serait intéressant d’appuyer cet aspect cyclique en filmant trois fois la même scène.
Pour la petite narration, je crois qu’on a toujours eu en tête une soirée, c’est déjà dans les paroles en fait. Puis on s’est rapidement dit que les personnages devaient évidemment suer, et qu’avec ce côté cyclique on pouvait facilement créer un effet d’accumulation : il fait chaud, il fait très chaud, il fait trop chaud… On a appelé nos amis Tamina (Manganas) et Hugo (Mons) respectivement réalisatrice et chef opérateur pour nous aider à mettre tout ça en scène et en pratique. Ils ont été incroyables parce qu’on avait bien sûr aucun budget. Tout s’est fait assez simplement grâce à eux, et en plus tout le monde a passé une très bonne soirée, c’était super !

Vous avez eu l’occasion de jouer ce morceau (entre autres) sur scène au Supersonic en février. Quatre mois après, vous retenez quoi du concert ?

Thelma : Une grosse indigestion alimentaire

Balth : Haha, et une gueule de bois je crois. Mais surtout on a vu que les titres fonctionnaient vraiment bien dans l’énergie du live, c’était aussi l’objectif de cette date. On faisait découvrir pour la première fois le projet. Il y avait un super accueil du public, qui nous connaissait pas, et on n’avait pas sorti de morceau à ce moment-là. Ça nous a juste surchauffés pour la suite.

La photo de la pochette du single a été prise là-bas ?

Arthur : Oui, c’est Gabriel…

Nino : Mon pote Gab oui

Arthur : … qui est photographe de soirées et de concerts qui l’a prise. Il a shooté tout le live avec différents appareils, dont un analogique avec une pellicule noir et blanc, les photos sont super belles. On se prenait la tête sur la pochette au moment où on les a reçues et on s’est tout de suite dit qu’il y avait de quoi faire la pochette de La Sueur. Mais la photo seule, ça manquait d’un petit quelque chose alors je l’ai imprimée et colorisée à la main pour lui donner un peu plus de vie. 

Balth : Faut follow sur Instagram @paradisfiscal.wav

C’est quoi la suite pour Allo Christine ?

Balth : On prévoit déjà de sortir un deuxième titre à la rentrée, on a très hâte. On se penche aussi sur de futurs concerts. Pour l’instant on fait tout avec nos petites mains, sans accompagnement, donc on a une bonne charge d’orga’, mais c’est excitant. On va faire en sorte, tout en sortant plusieurs nouveaux titres, peut être sous forme d’album ou d’EP un moment donné, d’aller jouer un peu partout en France, on vous tient au courant de tout ça !

LA PLAYLIST (exceptionnellement de 11 titres) DE ALLO CHRISTINE :

A Lucid Dream – Fontaines D.C.

Coffee & TV – Blur

Mirrors – Just Mustard

Laisse-moi – Ottis Coeur

Lifetime – Yves Tumor

House (fuzz version) – Zed Yun Pavarotti

Steven Smith – The Organ

Dunkerque – Indochine

Cristaux liquides – Feu Chatterton

Bees – Warpaint

Danny Nedelko – IDLES

Entretien réalisé en juillet 2023.

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